Hommage à Jean Grosset
Jean Grosset : le premier de tous…
Embauché à la concession Renault de Dieppe à l’âge de 17 ans, fraîchement pourvu d’un diplôme de tourneur-ajusteur obtenu à “l’Émulation Dieppoise” toute proche, Jean GROSSET va entrer de plein pied dans la saga Alpine avant même qu’elle n’en prenne le nom. En effet, nous ne sommes alors qu’en 1952 et Jean REDELE ne rêve pas encore de devenir constructeur automobile. Il s’illustre brillamment en compétition sur 4 CV Renault et le Chef d’Atelier des Grands Garages de Normandie va confier la préparation des autos du patron à cette nouvelle recrue.
La Société des Automobiles Alpine apparaîtra en 1955, lors de la commercialisation du premier modèle estampillé Alpine, le Coach A106. Celui-ci a été développé en région parisienne chez le carrossier Chappe et Gessalin, lequel assure désormais la réalisation des carrosseries en petite série. Le montage mécanique s’effectue ensuite à Paris, dans la concession Renault de la rue Forest appartenant au beau-père de Jean REDELE. Le schéma de production de l’A106 n’est donc pas très simple et pour ajouter encore à sa complexité, la préparation spécifique des véhicules destinés à la compétition s’opère à Dieppe ; c’est Jean GROSSET qui en a la charge. Son sérieux, sa minutie et sa créativité font merveille dans cette activité…
Jean REDELE aspire bien sûr à rationaliser tout ce dispositif et cela passe nécessairement par une maîtrise complète de la production. Convaincu qu’il dispose sur place d’une équipe capable de réussir le challenge, il entreprend de rapatrier entièrement la fabrication Alpine à Dieppe. Cette stratégie repose sur deux hommes : l’un d’eux s’appelle Roger PRIEUR et il lui confiera l’atelier de carrosserie, l’autre Jean GROSSET qui se verra promu responsable du secteur mécanique. Nous sommes maintenant en 1958 et la mise en place de cette organisation coïncide avec la sortie d’un nouveau modèle Alpine, la Berlinette A108…
Dès lors, le constructeur dieppois va se développer très rapidement et Jean GROSSET sera l’une des chevilles ouvrières de cette évolution ; toutes les Alpine issues de Dieppe porteront sa griffe. Son domaine de responsabilité va bientôt s’étendre à l’ensemble de la production dont il deviendra successivement Contremaître, puis Responsable et enfin Directeur. Il vivra cependant assez difficilement cette ascension hiérarchique qui engendre chez lui un stress permanent. Un an avant son départ à la retraite, il lâchera ce poste opérationnel et terminera sa carrière en 1990, en tant que Chef du Personnel.
Au début des années 60, Jean GROSSET aurait parfaitement pu faire bifurquer son parcours vers la compétition mais il était très attaché à sa vie de famille et la perspective des multiples déplacements l’avait fait renoncer à cette option. Il était d’un naturel plutôt pudique et réservé, et bien qu’ayant conservé le sens de l’amitié qui prévalait à la belle époque Alpine, nous n’avions pas réussi à l’impliquer dans la vie de notre association. Les contacts avec lui étaient cependant fréquents car nous faisions souvent appel à ses archives pour aider tel ou tel collectionneur à reconstituer l’historique de son véhicule. Il détenait en effet un registre manuscrit sur lequel il avait consigné toute la production des premières années…
Il faisait partie de ces quelques pionniers qui ont écrit les pages décisives de l’épopée Alpine. Il nous a hélas quittés le 16 juillet 2012…