Les Anciens d’Alpine à nouveau douloureusement touchés

Notre longue collaboration avec notre ami Jean-Pierre Jabouille a laissé des traces profondes dans nos mémoires ; et nous ressentons cruellement sa disparition.

Pour vous rappeler l’origine des liens puissants qui unissent les AAA à ce champion exceptionnel, nous vous proposons deux extraits du « Championnat d’Europe 1974 », un des livres publiés par l’Association des Anciens d’Alpine.

La préface écrite par Jean-Pierre le pilote :

En 2015, quand j’ai retrouvé mes amis de l’AAA qui travaillaient simultanément sur 3 nouvelles publications, nous avons partagé une émotion à la hauteur de l’intensité des aventures que nous avions vécues ensemble dès la deuxième partie des années
60. Les presque 50 années qui nous séparaient du début de notre collaboration se sont effacées pour faire ressurgir nos souvenirs communs : la F3, quelques rallyes, la Formule 2 et les prototypes bleus, puis jaunes. Naturellement, ceux qui nous manquent, Patrick Depailler, Jean-Pierre Legrand, François Guiter et beaucoup d’autres ont rapidement repris leur place et participé à nos échanges pour évoquer des tranches de vie d’Hommes encore jeunes et immortels, débordant d’optimisme et de passion.

A notre manière et à la mesure des moyens dont nous disposions à nos débuts, nous avons participé à défricher un chemin permettant au sport automobile français de prendre une place enviable parmi les grandes nations disposant d’un système industriel développé et performant.

Heureusement pour Alpine et les autres, l’époque permettait encore à des artisans plus créatifs qu’argentés de s’exprimer sur la route comme en circuit. Il fallait cependant que Jean Rédélé soit sacrément gonflé pour se lancer dans toutes ces
aventures de production comme de compétition. Mais si du côté des constructeurs nos concurrents étaient aussi performants que nombreux et souvent bien installés avec une histoire, une culture, une expérience et une réputation, du côté des pilotes,
nous avions aussi tout à apprendre et à prouver. Apprendre est devenu possible dès 1964 sous l’impulsion de grandes marques et de pétroliers profitant d’une époque économique très propice à une croissance du parc automobile dopée par l’image dynamique du sport. Ford d’abord, avec les Lotus Seven équipées du moteur de la Cortina pour la Coupe des Provinces, puis Renault qui crée la Coupe Gordini en 1966 et aussi la Formule France avec Elf. En parallèle se développent les écoles de pilotage et les formules de promotion avec la participation de Shell, Motul, Bardahl, des cigarettiers, de la presse spécialisée etc. Ces pépinières développeuses de talents révèleront la majorité des pilotes français qui atteindront le niveau international. J’ai eu la chance de pouvoir m’y illustrer en confirmant à mes yeux qu’un avenir était possible pour moi dans cette discipline à la fois sportive et technique. Merci la Coupe R8 et merci l’écurie Crio au Tournesol pour ma participation au Championnat de France 1967
de F3 sur une Matra. Pour moi aussi, c’est Jacques Cheinisse qui m’invitera ensuite à rejoindre le clan Alpine, au Mans d’abord, puis en F3 1000 cm3 avec Patrick Depailler pour une saison 1969 décevante côté moteur et résultats. Ce n’est qu’à partir du
Championnat de F3 1600 cm3 de 1971 que ma carrière va prendre un nouvel élan, grâce à un matériel devenu compétitif, et suite à l’occasion qui me sera donnée d’exprimer ma sensibilité technique dans le développement mécanique et aérodynamique de l’A366. Une compétence que je n’ai jamais cessé de travailler et qui me caractérise depuis. Elle sera appréciée par mes équipes en Formule 2, en Sport-Proto comme en Formule 1. Partant de zéro lors de la création de l’A440, le

« brouillon » de l’A441 dont il est question dans cet ouvrage rédigé par les AAA,
avec eux j’ai pris beaucoup de plaisir à investir mon expérience dans la définition et la mise au point d’un programme qui allait amener Renault au plus haut niveau…

Le témoignage de Jacques le mécano :

En ce qui me concerne, si j’avais eu le grand bonheur d’être son mécanicien au début des années 70, je n’avais jamais revu « mon » pilote depuis l’arrivée des 24 Heures du Mans 1978. C’est à Lohéac devant La Gibecière, l’établissement qui accueille le séjour des AAA à chaque Auto-Brocante, que nous nous sommes retrouvés pour la première fois en 2014. « Séquence émotion » : Alors que 36 ans après je m’imaginais devenu une micro poussière dans les souvenirs de sa vie de champion exceptionnel, autre miracle de ce qu’était l’équipe Alpine, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre ! Le lien tissé en 1971 à coup de rituels et de non-dits – par exemple quand sur la ligne de départ je le « soudais » à sa voiture en serrant son harnais, ou en lui donnant une tape sur le casque au moment d’évacuer la piste – existait donc encore…

Comme tous les mécaniciens de course, je m’interdisais le droit à l’erreur, bien aidé en cela par l’exigence perfectionniste de Jean-Pierre, et par ma volonté de mériter sa confiance.
Chaque week-end de compétition voyait nos F3 A360 dans une version améliorée, et le « Jean-Pierre metteur au point » y était toujours pour quelque chose. A ses côtés, petit à petit, j’ai assimilé les critères influents du comportement d’une monoplace, et compris que « le Grand » avait besoin d’être en confiance totale avec sa voiture pour exprimer pleinement son grand talent de pilote. Alors, jamais je n’ai fait semblant de répondre à ses petites demandes au moment d’un départ : « Tu m’enlèves 50 g de pression à l’arrière, tu durcis les ressorts d’un demi-tour, tu assouplis la barre avant de 2 mm … » Et si rien ne semblait le distinguer de ses camarades de jeu du Championnat de France, j’avais compris que l’énergie et l’intelligence qu’il déployait pour régler sa voiture étaient au service d’une très profonde envie de gagner. Il lui était impératif de tout savoir, tout comprendre, tout maîtriser. Selon moi, il est plus qu’un fin pilote, plus qu’un technicien sensible et créatif, c’est un redoutable compétiteur mû par une forte pulsion raisonnée de dépassement de ses limites et une grande faim de victoire. Il avait donc l’étoffe du vrai champion automobile qu’il est ensuite devenu, à une époque où la concurrence était comme le danger, de très haut niveau.

Les Anciens d’Alpine pensent à sa famille, à ses proches et à ceux qui, comme eux, lui garderont une place dans leur cœur.

Le livre dont il est question ci-dessus se termine par des mots que Didier Lockwwood a adressés à son épouse : « Sais-tu où est le sourire de l’éternité ?… Dans la transmission ».

C’est aussi pour transmettre l’histoire des Hommes qui ont construit le mythe Alpine que les Anciens ont publié des livres. La cruelle disparition de leur ami Jean-Pierre Jabouille remettant en lumière l’énorme contribution de ce perfectionniste insatiable à la saga Alpine, nous pensons utile que sa connaissance se perpétue en permettant à ceux qui l’ont aimé d’acquérir chacun des 3 ouvrages suivants où il s’exprime :

« Dans les coulisses d’Alpine », « 60 ans d’Alpine à Dieppe Tome 1 », et « Le championnat d’Europe 1974 » avec une remise de 20%.

Notre boutique en ligne est ici :

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Commentaire (1)

  1. Alain REGLEYAlain REGLEY

    Je n’étais à l’époque qu’un simple passionné d’automobile travaillant dans la métallurgie. Habitant à 80 km de Dijon, j’avais cassé ma tirelire pour m’offrir un package week-end complet sur le circuit, côtoyant les pilotes. J’ai ainsi eu la chance de voir Jean-Pierre remporter la course de F1 pour une première au volant de la Renault F1 turbo… Il aurait mérité d’en remporter bien d’autres si ses conseils techniques avaient d’avantage été pris en compte. J’ai le souvenir d’une déclaration ignoble du patron de Renault suite à des problèmes inhérents à la voiture, disant « si Jabouille ne sait pas démarrer, changez de pilote… »
    Il reste un très grand pour moi par sa technicité, son exigence et sa classe

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