Hommage à Gaston Ridel

Envoyé: 04. 02. 2024 | Auteur: jacqua10 | Catégorie: AAA, Hommages

Gaston Ridel était le plus ancien des mécaniciens du Service Courses Alpine.
Au-delà des nuages, en levant les yeux, on peut l’imaginer rejoindre la galaxie des anciens d’Alpine qui l’ont précédé dans l’infiniment bleu des émotions qui nous relient à eux.
Il était avec les AAA, augmentés des jeunes générations de la Manufacture, sous le magnifique soleil dieppois du 30 septembre 2023, venu soutenir Jean-François Kosztur qui prenait le relais de la présidence d’une association à laquelle il adhérait depuis toujours.

Nous avons appris sa disparition ce 31 janvier alors qu’il s’apprêtait à fêter ses 93 ans le 15 mars prochain. Né en 1931 donc, il a connu des moments terribles du 20e siècle qui, en réaction, ont fait place aux immenses espoirs d’un monde de paix et de prospérité dans lequel il s’est épanoui familialement et professionnellement. Fils de cantonnier, il a été provisoirement hébergé chez ses grands-parents fermiers dans le pays de Bray, non loin de Dieppe et de la forêt d’Eu qui abritait des rampes de lancement des fameux missiles allemands V1.

A 14 ans, il entre pour 3 années en apprentissage chez un garagiste, une entrée classique dans la vie active à l’époque. Il embauche ensuite à la concession Renault des Grands Garages de Normandie, propriété de la famille Rédélé, où il travaille d’abord à la remise en états des camions qui avaient été utilisés par l’armée américaine, puis sur les voitures des clients. Jean, un des fils du patron, s’illustre au volant de 4 CV de plus en plus affûtées et crée la Société des Automobile Alpine en 1955 en assemblant, à Dieppe, des caisses fabriquées par le carrossier Chappe et Gessalin et en les équipant de mécaniques Renault. Jean Grosset, Jacques Duval et Gaston Ridel font partie des pionniers de l’aventure en participant au montage de ces A106, puis de la légende sportive au sein de l’assistance des pilotes de rallyes. Une fonction qui deviendra l’atelier Service Courses animé par Gilbert Harivel. Tout en devenant « le » spécialiste des boîtes de vitesses Renault équipant les voitures de rallye – leur tendon d’Achille – Gaston sera alors le mécanicien de toutes les voitures qui passent par Dieppe pour être préparées en vue d’une compétition : A108, A110, A310, R8G, R12G, R17G, R5 Alpine et les prototypes d’endurance en bleu. Une carrière d’une richesse incroyable qui aurait pu se terminer tragiquement, quand en Autriche, la R16 qu’il conduit dans un état d’extrême fatigue est coupée en deux derrière les sièges avant, en s’empalant sur un rail de sécurité. Jean Canivet est légèrement blessé, mais Jean-Luc Thérier qui a dû abandonner le rallye et le « papa » de l’équipe, Jacques Cheinisse, arrivent aussi vite que possible sur place pour secourir leurs amis comme il se doit dans la famille Alpine.

Gaston, dit « « tonton ou « mon oncle » n’aura pas échappé, comme la quasi-totalité de ses collègues, à l’attribution d’un surnom ; il accompagnera ces derniers au Bérex avant de partir en préretraite à l’annonce du déplacement de cette entité en région parisienne.
Comment ne pas aimer ce cher Gaston ? Un garçon sans histoire, simple, authentique, honnête, travailleur acharné totalement dévoué à « la Gagne », et si accueillant pour les jeunes recrues à qui il savait mettre du bleu dans les yeux.

Merci Gaston ; pour tout, et pour l’exemple.

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