40 ans déjà !

Eh oui, voici déjà 40 ans que le drapeau à damier s’est abaissé sur la Renault Alpine A442B n°2 de Didier PIRONI et Jean-Pierre JAUSSAUD, victorieuse aux 24h du Mans 1978. C’était le point d’orgue d’une aventure inoubliable pour tous ceux qui ont contribué à ce succès et ce, quel qu’ait été leur rôle dans le dispositif mis en place par le staff Renault Alpine pour assurer ce résultat.

Alors les Anciens d’Alpine ont pensé que toute l’équipe dieppoise concernée aimerait sans doute se retrouver pour réveiller ces bons souvenirs et les revivre ensemble 40 ans après. Et c’est ainsi que le 23 juin une cinquantaine d’entre eux s’est retrouvée au restaurant de l’Hippodrome de Dieppe pour une petite fête de famille typiquement dans l’esprit Alpine, c’est-à-dire chaleureuse et bon enfant.

Ils ont bientôt été rejoints par divers élus locaux qu’André DESAUBRY avait conviés à venir porter un toast à ces héros discrets de la légende Alpine, démontrant une fois de plus qu’au-delà de leurs convictions personnelles, pour toute la classe politique comme pour tous les Dieppois, « Alpine c’est Dieppe et Dieppe c’est Alpine ». C’est ainsi que l’on a pu voir se mêler à l’assistance MM André GAUTIER, Vice-président du Conseil Départemental de Seine-Maritime, Gill GERYL, Vice-président de l’Agglomération de Dieppe-Maritime et Nicolas LANGLOIS, Maire de Dieppe. Tous ont tenu à souligner le rôle significatif joué par les Anciens d’Alpine lors de la relance de la marque dieppoise.

Les grands sourires qui illuminaient les visages attestaient que le plaisir de ces retrouvailles était partagé et même si en 40 années le temps a forcément laissé quelques traces visibles, le plus important était resté intact et c’est au fond des cœurs qu’il fallait aller fouiller pour s’en rendre compte. La première anecdote a suffi pour remettre tout l’orchestre au diapason et ils ont bientôt « rejoué l’intégralité de la partition », certes dans un ordre un peu aléatoire mais sans rien oublier, y-compris des répétitions préparatoires !

La nature humaine n’est finalement pas aussi versatile qu’on veut bien le dire car la passion commune qui animait à l’époque ces diverses individualités est toujours bien présente chez chacun d’entre eux, à fleur de peau même, prête à s’enflammer de nouveau … pour le meilleur comme pour le pire !

Ils n’ont en effet rien oublié de l’émotion si particulière que suscite une réussite collective de cette ampleur, rien oublié de la satisfaction personnelle du devoir accompli, rien oublié du sentiment de fierté éprouvé en entendant « La Marseillaise » résonner dans les tribunes du Mans et, bien qu’ils aient un peu de mal à l’admettre, on devine que ce soir-là ce n’est pas seulement la fatigue qui piquait leurs yeux rougis par le manque de sommeil mais aussi des larmes de bonheur qu’ils tentaient vainement de réprimer…

Cependant, force est de reconnaître que leur frustration elle aussi est restée intacte, prête à rejaillir à la première sollicitation. Sous leurs faux airs désabusés, on découvre très vite qu’ils ont encore le cœur qui saigne dès qu’on leur reparle de l’après 78 et ils ne pardonnent toujours pas – ils ne pardonneront jamais d’ailleurs – à l’équipe dirigeante de la Régie Renault de leur avoir tenu ce discours au soir de la victoire : « Nous venons de gagner Le Mans, c’était notre objectif et remettre ce résultat en jeu l’an prochain serait nous exposer à un échec. Le programme Le Mans en restera donc là et dorénavant nous allons concentrer tous nos efforts sur la F1. Par contre, le développement de l’auto s’effectuera conjointement avec celui du moteur à Viry-Châtillon et l’équipe d’exploitation sera regroupée au même endroit ».

Ainsi s’est terminée la belle histoire de la victoire Renault Alpine aux 24h du Mans 1978, avec ses pages lumineuses, et aussi cette zone d’ombre pour les dieppois, et nous n’y pourrons jamais rien changer…

Cependant, l’occasion était belle aussi pour faire « coup double » car les AAA avaient également un autre anniversaire à fêter. Notre ami Claude Foulon, « barbu » célèbre s’il en est dans tout l’univers Alpine, est en effet maintenant entré dans la catégorie vénérable des octogénaires et chez les « Anciens », le franchissement de ce cap ne se fait pas incognito ! Alors à la fin du repas, il a eu droit aux bougies, aux applaudissements et au « Happy Birthday » repris en chœur par toute l’assistance. Et puis, le proto A220 qui décorait le chariot des pâtisseries était là pour rappeler que, bien avant 78, lui aussi avait pris part à la grande aventure du Mans, lors de la première tentative de Jean Rédélé pour conquérir le Graal, à la période où c’était Amédée Gordini qui préparait les moteurs et où toutes les Alpine arboraient une tunique couleur « Bleu de France »…

La rencontre s’est prolongée durant tout l’après-midi et les plus vaillants sont même restés le soir pour « terminer les restes » ! Toujours aussi intarissables sur leur vécu de cette épopée et sur les innombrables anecdotes qui s’y rattachent, c’est seulement en toute fin de soirée qu’il a été possible de capter leur attention pour projeter le remarquable film de l’INA résumant les 24h du Mans 1978, une « course de légende » comme on a coutume de dire à propos de l’épreuve mancelle. En tout cas, pour tous ceux de l’équipe Renault Alpine de 78, les mots ont un sens, et c’est effectivement à l’écriture d’un chapitre majeur de la légende Alpine qu’ils ont le sentiment d’avoir participé.

Les AAA ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir voulu faire honneur à la vaillante équipe victorieuse en 78. Une semaine plus tôt, les « Signatech Alpine Boys » avaient eux aussi tout mis en œuvre pour tenter de conquérir le bouquet de la victoire de l’édition 2018 en catégorie LMP2, avec l’espoir de pouvoir le dédier aussitôt à leurs aînés, mais un concurrent indélicat les a privés du titre sur la ligne d’arrivée. Il a fallu qu’ils attendent le lendemain pour récupérer leur bien sur le tapis vert…

Hugues PORTRON et Renault Classic n’ont par ailleurs pas manqué eux aussi de faire un clin d’œil à cette page glorieuse de l’épopée Alpine à l’occasion du « Le Mans Classic 2018 » et les 4 Prototypes ayant couru en 1978 étaient exposés dans l’espace Renault, l’un d’eux (le proto A443 que conduisaient Jean-Pierre JABOUILLE et Patrick DEPAILLER voici 40 ans) participant d’ailleurs à la course historique. Une parade multicolore illustrant toute la gamme Alpine a également parcouru les 13,626 km du tracé du circuit manceau sous les applaudissements de milliers de spectateurs…

Décidément, la trace laissée par Alpine dans les annales de l’automobile n’est par près de s’effacer, c’est une constatation qui bien sûr ravit les AAA et ils espèrent que derrière eux d’autres seront encore là pour continuer d’alimenter la flamme.

 

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