Sans foi, ni loi !

La terre entière sait maintenant qu’Alpine renait et que cette renaissance va, entre autres, se concrétiser par la sortie prochaine d’une nouvelle Berlinette. Une sportive à la française qui affichera fièrement sa filiation avec la sublime A110 conçue par Jean Rédélé, tout en affirmant sans ambigüité son ancrage dans le 21ème siècle. Les inconditionnels d’Alpine attendent avec ferveur ce cadeau que leur concocte l’Equipe de Bernard Ollivier et des milliers de passionnés sont attentifs au moindre écho médiatique sur ce projet et sur ses retombées dans le berceau Alpine à Dieppe.

L’histoire d’Alpine, c’est un vrai roman et surtout un roman vrai, avec des héros authentiques, des exploits techniques et humains, des moments d’enthousiasme collectif et puis aussi parfois des drames. La source de cette belle aventure, c’est Jean Rédélé, un personnage charismatique que rien n’effrayait. Il a réussi à entraîner tous ceux qui l’ont entouré bien au-delà de leurs limites personnelles, à les faire se surpasser, à les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes en permanence…

L’affaire Interlagos n’en est qu’un exemple parmi des centaines d’autres. Alors qu’en 1961 il vient tout juste d’amorcer la fabrication de l’A108 dans ses ateliers dieppois (où les cadences plafonnent à 2 véhicules par semaine), Jean Rédélé en concède la licence de fabrication à Willys Overland do Brazil, une entreprise par ailleurs licenciée de Renault au Brésil, où elle produit la Dauphine. L’auto ne s’appellera pas Alpine mais Willys Interlagos et elle sera produite à plus de 800 exemplaires. Elle permettra à toute une génération de jeunes pilotes brésiliens de faire leurs armes en compétition. Ce sont ces garçons-là qui par la suite accéderont brillamment à la Formule 1 (Wilson Fittipaldi ou Carlos Pace), jusqu’à y conquérir le titre de champion du monde à deux reprises (Emerson Fittipaldi en 1972 et 1974). La Willys sera reprise par Ford en 1967 et l’épisode brésilien d’Alpine s’arrêtera là.

Et voila maintenant qu’un « money-maker » italien s’empare de cette légende pour alimenter un business auprès d’une clientèle fortunée qui se situe aux antipodes de l’univers Alpine ! Alors bien sûr, cette Berlineta Willys AW380 que l’on découvre au Salon de Bologne n’est pas habillée de bleu (ni même de jaune et vert comme l’étaient à l’époque les A108 officielles de l’Equipe Willys), elle n’arbore pas non plus le mythique « A fléché » sur sa calandre et la puissance arrogante qu’elle annonce lui retire toute légitimité Alpine…

Mais tout de même, quel culot, quelle indécence !!!

Heureusement, la « Berlineta Willys » ne portera pas ombrage à notre future « Berlinette Alpine ». Il se murmure en effet qu’Antony Villain et son Equipe n’ont pas seulement bien réussi son design mais que l’auto sera tout simplement « superbe ». Et puis, nous faisons confiance aux spécialistes de la propriété industrielle chez Renault pour qu’ils sachent défendre le patrimoine que l’abnégation des « gens d’Alpine » a permis de constituer et qui mérite tellement mieux que ce vil plagiat.

Les Anciens d’Alpine

Article du BLOG AUTO -> Willys AW380 berlineta : la néo-Alpine avant la néo-Alpine
Article de MOTOR LEGEND -> Willys AW380 berlineta : l’Alpine A108 revisitée
Article de CLASSIC DRIVER -> The Willys AW380 Berlineta is a neo-Alpine with bite

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