Michel Drais aurait eu 88 ans

C’est à l’église Saint-Patern de Vannes que son président représentait l’AAA pour dire au revoir à notre ami le 11 mai 2022.

Michel, né à Saumur le 17 juillet 1934, était le fils unique d’une poissonnière et d’un graveur d’art en situation de handicap qui travaillait à domicile pour le Cadre Noir, les vignerons, une industrie locale de médailles religieuses et la Monnaie de Paris. Pendant la guerre, sa mère conduit et bricole son fourgon Citroën HY équipé d’un gazogène avec lequel elle sillonne la ville et la région à la rencontre de ses clients. Un véhicule qui éveille l’intérêt du jeune Michel et qui sera peut-être à l’origine de sa vocation. En effet, la paix revenue, il se passionne pour l’aviation, construit ses propres modèles réduits de planeurs et participe à la finale du championnat de France à La Baule. Puis il équipe ses avions de mini moteurs Diesel de 5, 10 ou 15 cm3 pour les concours de distance.  

Plus tard, c’est avec sa bande de copains qu’il se rend chaque année au Mans, avant de rencontrer Annick, qui deviendra son épouse fin 1960, et d’entrer à l’Ecole Industrielle de Saumur. Il y obtient son diplôme de “sous-ingénieur mécanique” en 1957, ce qui lui ouvre les portes du Bureau d’Etudes de Willeme un fabricant de poids-lourds, puis des chantiers navals de Saint-Nazaire où il découvre le gigantisme des moteurs de bateau.

La suite se passe jusque fin 1961 sous les drapeaux pendant 31 mois, pour le service militaire et la guerre d’Algérie ; là il est mobilisé dans l’ALAT (Application de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre) et il acquière des compétences en matière de turbine d’hélicoptère Alouette. Les chantiers navals alors en difficulté, il arrive chez Hispano-Suiza à Courbevoie en juillet 1965 pour étudier des trains d’atterrissage et, après la crise de 1968, il entre chez Bernard Moteurs comme technico-commercial des « projets spéciaux » aussi nombreux que différents ; une expérience d’une grande richesse. Mais quand Renault achète la société en 1975, c’est à Limoges qu’il poursuit sa carrière en tant que responsable qualité chez Saviem (société créée en 1955 avec Latil + Renault + Somua) qui devient RVI (Renault Véhicules Industriels) en 1978 après l’absorption du concurrent Berliet. Michel bascule alors dans la même fonction du côté de la division armement qui existe depuis 1961 à Limoges et fabrique, entre autres, les moteurs Diesel 12 cylindres à plat du char AMX 30, les 6 et 8 cylindres militarisés pour les blindés légers VAB (Véhicules de l’Avant Blindé) et les camions tout-terrain de l’armée. En 1986, lors d’une des restructurations du secteur, il accepte un licenciement et la mission de créer l’Atelier Maintenance Moteurs à Taïf, en Arabie Saoudite, au sein d’une une structure mixte de l’Etat français et du Royaume saoudien.

C’est donc avec ce capital d’expériences professionnelles variées et très riches qu’il entre en 1989 aux Service essais moteurs du Berex (regroupant Renault Sport Dieppe et le Bureau d’Etudes Alpine en 1979) comme responsable des essais d’endurance ; son Graal, comme il aimait à nous le rappeler !

Une ambiance de travail chaleureuse et des mises au point des moteurs V6 de la gamme Alpine, le 4 cylindres F7R 2 litres de la Clio Williams, le prototype 1,4 litre E7J Turbo baptisé « Turbéco » par Dominique Guérin, ouvrant la voie du downsizing, lui ont laissé des souvenirs profonds et des amitiés qu’il n’a, en effet, jamais oubliés après son départ à la retraite en 1994. Il les a emmenés avec lui sous la forme d’un magazine Mille Miles et d’un logo Alpine que son fils Philippe, amoureux et possesseur d’A110 et d’A310, lui a mis dans les mains pour l’éternité.

Une fatalité qui nous serre le cœur et nous remplit de tristesse tellement sa personnalité passionnée empreinte de bonhomie, bienveillance, bonne humeur, courtoisie, générosité et de fidélité en amitié était attachante.

Michel Drais chez lui sur les rives du Golfe du Morbihan, là où il a rencontré Annick et choisi de passer ses vieux jours en sa pétillante compagnie, tout en profitant des plaisirs offerts par la Presqu’île de Rhuys.

 

Jacqua10 avec le concours de Philippe Drais.

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